D’ici un peu moins d’un mois maintenant arrive dans nos salles le tout dernier né des studios Pixar : Rebelle (ou Brave en VO). Mais comme souvent grâce à AlloCiné, c’est bien plus tôt que nous avons pu découvrir ce film, lors de sa toute première projection française. Une belle avant-première que nous ne souhaitions surtout pas manquer, parce que dans notre tête, on est de grands enfants, alors si on esquive souvent les projections de films d’horreur, les films d’animation, là par contre, ça nous parle 
Rebelle, donc, c’est l’histoire de Merida, une jeune fille à la chevelure tout ce qu’il y a de plus rousse, qui se trouve être la fille du roi Fergus. Cela fait bien d’évidemment d’elle une princesse, avec tous les honneurs mais aussi les sacrifices que cela implique. Mais si Merida n’a pas choisi son destin de « reine », elle ne l’apprécie pas davantage. Jeune fille au fort tempérament, elle tient plus de son guerrier de père que de sa distinguée mère ; et, clairement, elle est plus douée au tir à l’arc qu’au tricot. Alors quand, soudainement, ses parents décident de la marier contre son gré au fils aîné de l’un des chefs des 3 autres clans du royaume, les choses dérapent… Mais plus encore que la guerre qui menace d’éclater si Merida venait à refuser ses prétendants, c’est dans ses relations avec sa propre mère que s’installe le plus grand des chaos.
« Princesse » oblige, ce nouveau Pixar aborde des thèmes que certains jugeront peut-être un peu old-school , tel que, vous l’aurez compris, celui du mariage forcé (même si cela se pratique encore dans de nombreuses cultures de nos jours, mais moins dans la nôtre). Mais au-delà de ce thème de fond, c’est surtout les choix de Merida et ses relations avec ses parents, en particulier sa mère, qui sont mis en avant. Le scénario de Rebelle c’est avant tout une histoire mère/fille, et même plus largement parent/adolescent, comme il en existe tant dans des contextes très variés.
Merida et sa mère sont toutes deux des femmes au caractère bien trempé. La première a l’énergie, l’impudence et le manque de maturité liés à sa jeunesse : sa vie lui appartient, et elle n’a aucune envie qu’on la lui vole, même si cela mène à la guerre. Sa mère, elle, tente d’élever sa fille depuis son plus jeune âge aux devoirs d’une future reine. Elle œuvre avant tout pour le royaume qu’a construit son mari, et, ayant elle-même fait ce genre de sacrifices, sait qu’il est du devoir de sa fille d’en faire autant pour conserver la paix. L’une et l’autre ont leurs raisons, bonnes pour la plupart, mais, comme souvent dans ce genre de relation, leur manque de communication fait qu’elles ne peuvent se les échanger et trouver un terrain d’entente. Bizarrement, même si certaines personnes continuent de penser que les films d’animation « c’est pour les enfants », j’aurais donc tout de même tendance à croire que les thèmes abordés dans Rebelle s’adressent tout autant aux parents (voire même plus) qu’à leur progéniture.
Toutefois, nul besoin d’avoir des marmots dans les pattes pour apprécier ce nouveau Pixar. Malgré un thème assez « banal » (mais bien traité), j’ai pour ma part particulièrement apprécié les transgressions par rapport aux schémas classiques du genre. Pour commencer, on a ici une princesse qui n’en est, intérieurement du moins, pas vraiment une… et rousse de surcroît : un bon pied de nez aux princesses blondes/brunes souvent un poil cruchottes que l’on nous sert habituellement. Et il en est de même pour les « princes » (ses 3 prétendants) qui n’ont pas grand chose de « charmants » ! Ensuite, il n’y a pas vraiment de grand méchant. Une menace, un être dangereux, oui il y en bien un (même qu’il se nomme Mor’du). Mais il ne cherche pas à s’emparer du royaume, n’est pas à l’origine des événements qui frappent Merida et sa famille, et n’est pas non plus le personnage à éliminer pour régler tous les problèmes. Voilà qui est rare ! Enfin, les héros/héroines de films d’animation rencontrent souvent de nombreux personnages hauts en couleur, se font de nouveaux amis, partent à l’aventure loin de chez eux, … Ici, on reste dans un cadre très fermé, et Merida n’aura pas vraiment d’aide extérieure
pour régler ses problèmes, si ce n’est au sein de sa propre famille.
J’en profite pour subtilement embrayer sur un autre sujet très important, à savoir la qualité des décors et de l’animation, car tandis que j’écrivais les mots « cadre très fermé » je me disais « pourvu qu’ils ne pensent pas qu’il s’agit d’un huis clos » Il serait d’autant plus dommage de croire ça que, bien que Merida traverse très peu d’environnements différents (le château, la forêt environnante, et une forteresse en ruine) ceux-ci sont tout simplement magnifiques. Alors non, dans Rebelle vous ne verrez pas l’héroine traverser une jungle, puis une grande agglomération, pour enfin finir dans un désert. Par contre, vous verrez les Highlands écossais comme vous ne les avez jamais vus… ou peut-être bien que si justement, car les décors sont si magnifiquement bien rendus qu’on pourrait parfois les croire vrais. Le travail effectué sur la végétation et les animations de tout ce petit monde (le vent dans les feuilles, la pluie, … jusqu’aux cheveux de Merida !) relève du génie. On se demande vraiment jusqu’où Pixar pourra aller comme ça 
Quoi qu’il en soit, le dernier bébé de Pixar est, à mon sens, une réussite. S’il est graphiquement superbe (avec une bande-son dont je n’ai pas parlé mais qui est toute aussi soignée), il est aussi à la fois drôle (mention spéciale aux 3 petits frères de Merida) et touchant. Alors certes, ce n’est peut-être pas le Pixar le plus tordant (Toy Story 3 est au-dessus pour moi sur ce point), ni le plus triste (tant mieux), mais il allie très bien les 2, et au final, les 95 minutes qu’il dure sur le papier passent à la vitesse de l’éclair, sans le moindre temps mort. Déjà sorti depuis plusieurs jours aux Etats-Unis, Rebelle y rencontre d’ailleurs un succès bien mérité. Mais espérons qu’il en sera de même à partir du 1er août, date de sa sortie en France, car face à la concurrence plutôt rude (Madagascar 3 et L’Age de Glace 4 le précèdent) et à une campagne marketing étrangement quasi-inexistante, il est à craindre qu’il passe un peu inaperçu au box-office 
NB : Un énorme merci à AlloCiné pour l’invitation à cette projection, ainsi qu’à Mark Andrews, réalisateur de Rebelle, et Katherine Sarafian, productrice, qui ont fait le déplacement pour une session de questions/réponses après la séance. Une rencontre vraiment très intéressante, dont j’ai cela dit très peu profité car je m’endormais littéralement dans mon fauteuil 
NB2 : On a eu la chance de voir le film en 3D. Mais franchement, comme souvent, la 3D n’apporte pas grand chose, et surtout pas la différence de prix par rapport à une projection classique.
NB3 (le dernier, promis) : Le film était précédé d’un court-métrage nommé « La Luna« . Je ne vous parlerai pas en détails du scénario, sinon je vous le spoilerai intégralement, mais pour faire court il y est question d’un jeune garçon, de son père, de son grand-père, et de la lune. Une petite histoire très mignonne qui met le spectateur dans de bonnes conditions avant d’entamer le visionnage de Rebelle :p Alors si vous ne voulez pas manquer ce grand (mais court) moment de cinéma, vraiment, je vous le conseille, n’arrivez pas en retard à votre séance !
